Qu’on apprécie ou non les Battlefield, force est de reconnaître que DICE a toujours su composer un univers sonore saisissant, projetant les joueurs au cœur de la bataille ou l’avertissant au loin qu’il s’approche d’un front où la guerre fait rage. Si les graphismes jouent certes un rôle indéniable à l’immersion, il en est tout autant pour la qualité du sound-design. Justement, à l’occasion de la GDC, Andreas Almström (Lead Sound-Designer chez DICE) et Bence Pajor (du Sound Department du studio) ont présenté une conférence à propos du son dans Battlefield 1. PC Gamer, qui était présent, résume dans un article cette conférence très intéressante.

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Andreas Almström enregistrant le son d’une mitrailleuse.

Pour le premier Bad Company (2008), ils se sont dit que le jeu sera lancé sur des télévisions aux mauvais haut-parleurs et qu’il fallait réussir à rendre un son violent et lourd sur ceux-ci. Ils s’étaient alors grandement inspiré des vidéos de réels affrontements sur YouTube, en particulier en Irak. Pour eux c’était « fort, chaotique, effrayant » et ils n’avaient jamais ressenti ça dans un film. Pour retranscrire ça, ils ont superposé des sons tirés de ces vidéos à d’autres sons du jeu.

Pour Battlefield 4, ils ont passé beaucoup de temps à analyser le son dans Battlefield 3. Ils se sont rendu compte que les fréquences basses/aiguës n’étaient pas nécessaires la plupart du temps. Les fréquences basses représentant la puissance totale dans Battlefield étaient surexploités. Pire, cela rendait inaudibles les détails sonores dans les aiguës. Ils ont alors décidé qu’il fallait en faire usage au bon moment. On ne peut que leur donner raison, n’en déplaise à ceux qui dénaturent le son en boostant les basses n’importe comment.

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Andreas Almström enregistrant le son d’une explosion.

Mais concevoir le son de Battlefield 1 s’est révélé être un véritable défi. En effet, pour tous les jeux de la série, l’équipe a toujours pu s’appuyer sur de nombreux films et archives. Ils pouvaient s’appuyer sur des références, se dire « on va faire un son dans cet esprit ». Mais pas cette fois : le nombre de documents sonores de bonne qualité issus de la Première Guerre Mondiale est trop peu élevé. Aucun film ne les a convaincus d’un plan sonore, aucune référence, presque rien. Ils ont saisi cette opportunité pour « redéfinir le son de la Grande Guerre », ayant le champ rendu libre par le manque de données. Ils se sont basés sur des lettres envoyées par les soldats, racontant quelles sensations leur procurent les sons de la guerre, décrivant chacun à sa manière qu’est-ce que le son d’un obus évoque, de quoi il peut se rapprocher. Une approche d’autant plus intéressante puisqu’ils pouvaient s’accorder des libertés auxquelles ils sont privées habituellement, par l’amas de documents sonores réels des conflits durant lesquelles les Battlefield prennent place.

« We had no real sound cliches that we could use, as like radio communication which is an instant mood setter, you can always tell by the radio chatter if it’s World War II, or a modern conflict. These things are super established in films. But we had nothing. There are the typical M1 tanks with the turbine engines, we had no WW2 Stukas, no missiles, no electronic targeting systems, no Kevlar, no velcro, no helicopters, no Jimi Hendrix. There was nothing. We felt a bit on our own. The one thing that we did know through market research was that the preconception about World War I is that it must be super slow, super boring, and mustard gas, trench foot, agony, just the worst things. So we felt that we had a chance to redefine that. »

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Andreas Almström devant un avion (dont il va enregistrer le son).

En plus de ces conditions inédites, l’approche de l’équipe concernant les doubleurs était elle aussi inusuelle. Ils leur faisaient porter de lourdes charges dans des sacs et leur demandaient de s’envoyer des parpaings les uns aux autres afin d’accroître le réalisme du doublage. Andreas Almström en est très content. Tout de même un tantinet dangereux, mais après tout ils brûlent aussi certains acteurs pour enregistrer le son des flammes sur un corps, alors…

PC Gamer a filmé en douce quelques vidéos de la conférence. Les vidéos étant en privé, par ici pour le montage concernant l’enregistrement des armes et avions (en plus, c’est même rigolo), et par ici pour une analyse de comment se décompose une explosion dans Battlefield 1. On ne peut que vous conseiller le visionnage de ces deux vidéos qui apportera peut-être une approche différente à votre prochaine partie.

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