J’ai toujours apprécié les snipers dans les jeux de tir, c’est toujours satisfaisant de pouvoir coller une balle dans la tronche d’un ennemi qui ne s’y attend pas. Aussi, Sniper Ghost Warrior 3 aurait pu être le genre de jeu à me décrocher un sourire. Mais le constat est sans appel. Je suis le troisième à mettre mes paluches sur le bestiau et je serai le troisième à vous déconseiller d’investir dans une copie.

Pour ce dernier épisode, CI Games a changé d’orientation, délaissant les couloirs habituels pour ouvrir l’espace de jeu et proposer des cartes ouvertes au joueur qui pourra par la suite adapter son approche. SGW 3 veut faire varier les situation et les manières de répondre aux objectifs. Mais dans les faits, le résultat peine à convaincre.

Bon baisers de Georgie

SGW sait se faire joli quand il veut, certains panoramas et ambiances sont assez flatteurs. On retrouve des environnements plaisants et qui font appel à un imaginaire concernant l’Europe de l’est : des forêts, de la neige et de la roche, le tout contrasté avec de gros blocs de bétons et des villages en carton. Mais tout cela est plombé par une technique à la ramasse.

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Mention spéciale pour la pluie qui est très réussie… elle le serait plus si elle ne passait pas à travers certaines surfaces.

Contrairement à ce qu’ont pu vivre Noddus et Kip pendant le test de SGW pendant la Gamescom 2016, je n’ai pas eu de soucis de framerate sur le jeu. Cependant, des freezes intempestifs et d’innombrables bugs (graphiques et liés au moteur du jeu) sont présents. Je pourrais vous faire un étalage de screenshots de bugs que j’ai rencontré, mais j’ai fini par arrêter d’en prendre une fois que ceux-ci ont fini par s’empiler par packs de 16 et n’étaient même plus drôle à voir.

De plus, l’orientation monde ouvert choisie par SGW 3 le dessert et pas seulement d’un point de vu gameplay. L’idée de faire trois maps avec trois environnements radicalement différents pour briser la monotonie est intéressante mais dans les faits, c’est une plaie sans nom. Les chargements sont longs : cinq minutes en moyenne pour aller du menu principal au jeu, ou pour simplement aller d’une carte à un autre. Ils sont, de plus, fréquents à cause des bugs fatals. Heureusement, le thème principal est sympa… quand vous ne l’avez pas entendu dix fois en un heure.

Une bastos dans la tête pour les nuls

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Les snipers adverses ne sont pas des plus attentifs aux bruits environnants.

Quand on s’appelle Sniper Ghost Warrior, il y a un mot super important auquel il faut rendre justice. Jouer un tireur d’élite dans un jeu qui propose une mécanique de balistique peut faire saliver, mais ici c’est extrêmement basique. Pour éliminer une cible dans SGW 3, c’est assez simple et court en fait : vous arrivez sur zone, vous éliminez les menaces potentielles comme les snipers adverses et vous attendez une petite minute que votre cible sorte la tête. Là, un petit coup sur la touche shift pour maintenir la respiration et bim, une mission terminée.

 

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Au moins, vous pourrez voir où votre balle va terminer et c’est souvent dans une tronche moche.

 

De plus, ce n’est pas compliqué de caler une belle balle dans la tronche d’une IA statique, surtout avec l’aide à la visée du jeu et du petit point qui indique clairement où va tomber la balle, le sens du vent, sa vitesse, etc. Il faudra opter pour une difficulté supérieure pour se débarrasser de ces aides.  La balistique est très sommaire mais ils ont tout de même rajouté une balle qui n’est pas affectée par la gravité et le vent ! Pour ma part, les munitions de base m’ont amplement suffit, au pire on peut recommencer au checkpoint si on a loupé un tir, ou tirer à nouveau comme un gros dégueulasse pour faire taire l’ennemi légèrement affolé.

 

A Far Cry from amusement

SGW 3 accuse un retard de quelques années. Passer après les derniers épisodes de Far Cry pour proposer la même formule avec seulement une mécanique de balistique simplifiée comme plus-value, c’est prendre un gros risque. Tout y est, les ressources, les tours, les flingues, etc, l’ennui en plus.

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Une des nombreuses tours à gravir, mais qui n’ajoutent rien au gameplay.

J’ai passé une dizaine d’heures à vider des camps de séparatistes ou des points d’intérêts de leurs ressources et à grimper des dizaines de tours qui ne servent que de perchoir à sniper, mais tout ce temps investi n’a pas ajouté grand-chose à mon expérience, j’ai gagné une arme ou deux tout au plus, mais qui se sont vite fait remplacer par d’autres avec l’avancement dans l’histoire.

SGW 3 prend aussi le parti d’ajouter trois arbres correspondants aux trois orientations que CI Games a voulu offrir aux joueurs, mais celles-ci sont mélangés grossièrement. J’ai essayé de privilégier les spécialisations Sniper et Ghost, mais la partie Warrior s’est incrustée lourdement. A plusieurs reprises, il est obligatoire de mélanger les différents types d’affrontements. Alors que vous avez réussi une infiltration impeccable, que vous avez planqué tous les cadavres et que vous n’avez manqué aucun tir… un script bien grossier vient ruiner tout ça et transforme le jeu en un Call of Duty avec un feeling assez pauvre.

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Cet ennemi m’a repéré mais ne fait pas feu parce qu’il n’a pas de ligne de tir directe. Peut être est il pacifiste, ou simplement con.

SGW 3 mange un peu à tous les râteliers. Ses mécaniques sont déjà vues, mais pourraient rendre le jeu un minimum consistant et agréable si tout fonctionnait convenablement. L’IA est pitoyable. Pas seulement débile, elle ne réagit pas. Je ne compte plus le nombre de fois ou je descend un séparatiste qui vient éclabousser les bottes de son pote avec son sang, sans que ce dernier ne réagisse. Quant aux civils, c’est pire, ils ne bougent vraiment pas, ils ont juste une animation de deux secondes avec les mains en l’air qui boucle.

 

 

 

Scénario “Patriote américain” numéro 72

Pour ajouter au désintérêt, SGW mise sur un scénario qui use des mêmes poncifs que vous avez vu cent fois. C’est idiot, gras et inintéressant, mais si vous voulez profiter de l’expérience ultime, jouez en français. Le doubleur de Jon North, le personnage principal, est aussi celui de Rex Power Colt de Far Cry Blood Dragon, ce qui ajoute une bonne dose de bêtise sur le sérieux.

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Raquel et Lydia, soldats d’exceptions et intérêt amoureux basiques du personnage principal. Notez l’avantage tactique de Raquel.

Cependant, même le meilleur doubleur du monde ne rattrapera pas l’écriture Call of Dutyesque à base de complots, de discours patriotiques et de supers soldats. Le scénario se déroule via les missions de l’histoire, mais les incohérences, les ellipses et les plot-holes sont légion. Ne va finalement rester qu’un gameplay boiteux pour lier tous les morceaux entre eux. Enfin, le screenshot du dessus résume l’attention faite à la profondeur des personnages.

 

 

 

 

 

Sniper bourré, balle dans le pied – Proverbe géorgien.

Comme quoi, s’attendre à rien n’empeche pas d’avoir les boules face à un produit qui tente lourdement de faire du racolage. Arrivé bien trop tard et pourtant truffé de problèmes techniques, Sniper Ghost Warrior 3 n’a pas beaucoup d’arguments pour justifier son prix. Plusieurs patchs se sont succédés depuis la sortie, notamment un qui rajoute un slider pour le FOV, mais le jeu reste pour l’instant plombé par sa technique désastreuse. S’il tournait convenablement, il pourrait satisfaire l’appétit pour le genre de certains joueurs, pour peu qu’ils ne soient pas trop regardants. Ou carrément malvoyants.

 

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