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Toutes ces merdes qui gigotent sous moi en agitant les bras sont amusantes, des taches minimes sur le métal de ma machine. Des rues détruites parce que j’ai voulu y passer, des immeubles en miettes, d’un éternuement de mon lance-roquettes. Des ruines qui me rapportent, des morts qui augmentent mon compte en banque. D’un pas le chaos vient, d’un coup les esprits tombent. Je suis un Brigador et je suis payé pour foutre le bordel.

Il faut que je détruise ce bâtiment, là-bas. Entre lui et ma machine, des monstres métalliques dix fois plus gros que moi. Je dois louvoyer entre les murs de néons, attirer par là ce béhémoth d’acier, disparaître pour le pulvériser de dos, là où sa carapace fuit. Je me faufile dans l’explosion et tourne autour de ma prochaine cible tout en l’arrosant de plasma. Dans un coin de l’esprit, je pense à l’argent que je suis en train de gagner. Il faut juste que j’arrive à survivre. Je suis un Brigador et je suis payé pour foutre le bordel.

[–SUITE–]

Vroom vroom pan pan

Brigador est un jeu d’action stratégie en vue isométrique. Le principe est simple, vous avez certaines cibles désignées que vous devez abattre, au volant, manche ou guidon d’un véhicule qui peut aller du mécha de plusieurs dizaines de mètres de haut à la moto anti-gravité en passant par le bus monté sur chenilles. Votre engin est équipé de deux armes, choisies parmi un arsenal très varié : canons plus ou moins violents, railguns, mitrailleuses lasers et autres outils plus ésotériques. Chaque type de véhicules a sa petite particularité, les tanks peuvent mettre un coup de turbo pour se la jouer rouleau compresseur, les véhicules anti-gravité peuvent survoler les petits obstacles, etc. Vous pouvez choisir une capacité défensive parmi quatre, grenade fumigène, EMP, onde de choc ou camouflage optique. Tout l’environnement du jeu est destructible. Chaque mort est définitive et nécessite de refaire la mission depuis le début.

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Dans le mode campagne, des combinaisons véhicules/armes/capacité vous sont imposées, elles correspondent au niveau de difficulté. Vous pouvez rire en jouant d’une main avec une sorte d’immeuble mobile équipé de grenades acides et d’une mitrailleuse lourde ou suer en tentant la même mission avec une armure à peine plus grosse qu’un homme avec pour seule défense une sorte de pioupiou laser et un bazooka qui met trente ans à recharger. Cette campagne est plus un long tutoriel, là pour se familiariser avec l’équipement disponible. Vous y gagnez aussi de l’argent, que vous pouvez dépenser dans l’onglet acquisitions du jeu. Dans cet onglet, moult véhicules et armes sont déblocables, mais on peut aussi acquérir des explications sur les unités, sur l’univers du jeu, des missions et des pilotes. Tout ceci est utilisable dans le mode freelance, véritable cœur de Brigador.

Mon pilote, ce salaud

Dans ce mode, fini les loadouts imposés, vous pouvez faire ce que vous voulez, dans la limite du raisonnable, le véhicule choisi imposera le type d’arme. C’est dommage mais pas de lance missiles de quatre mètres de long sur une moto. Ces choix, comme celui de piloter une forteresse volante ou celui de vagabonder à bord d’une sorte de sauterelle frêle, vont bien sûr avoir une influence sur la difficulté du jeu, ainsi que sur l’argent gagné en fin de mission. Mais c’est surtout le pilote qui va faire passer Brigador de la promenade de santé à la version vidéoludique de la scène de Saw 2 où la fille tombe dans un trou plein de seringues. Vous pouvez faire le petit joueur, avec Norman Osberger qui met le jeu en difficulté 1, ou essayez de montrer que vous avez des couilles gigantesques avec Precursor James, qui la passe au max. Plus le pilote augmente la difficulté (de diverses façons, il y a des orignaux, comme celui qui fait commencer la mission à un niveau très élevé pour baisser l’ardeur des affrontements avec le temps) plus vous allez avoir de l’argent en fin de mission, plus vous allez pouvoir déverrouiller ce dont vous avez envie rapidement.

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En bref, Brigador laisse le choix au joueur. C’est vous qui faites vos propres missions et il n’y pas vraiment de fil conducteur, ni d’objectif ultime. C’est dommage, on aurait aimé une campagne avec une vraie progression, plutôt que de proposer différents loadouts fixes pour une suite de missions sans véritable lien. Ça aurait donné un peu plus d’attrait au jeu. Ce système segmente l’expérience, on fait des maps comme dans un jeu multi, alors qu’il aurait été si agréable de vivre une véritable aventure, avec son pilote qui rempli son garage avec le temps.

Généalogie du tank control

On sent que la maniabilité a été un petit casse-tête pour les développeurs. De base, le jeu propose un système de tank control. Le bouton haut fera toujours avancer, droit et gauche tourner et bas reculer, peu importe l’orientation de votre machine. Ça fonctionne très bien en vue à la troisième personne, mais avec cette vue de dessus, c’est assez déroutant. Le jeu est vite très chaotique, et ce n’est pas le petit indicateur marquant l’avant du véhicule qui va aider. Au début, la maniabilité est un vrai problème, surtout quand on pilote les Agrav, les véhicules flottants. Ceux-ci strafent plutôt que de tourner, et quand ils pointent vers le bas, la droite à la gauche étant inversées on se mélange les pinceaux très rapidement. Heureusement, les développeurs ont entendu les pleurs et ont ajouté une option permettant de fixer les commandes. Le haut fera toujours aller en haut, le bas en bas, etc. C’est parfait pour les Agrav. On se met à ne pas se préoccuper de l’orientation du véhicule et tout devient naturel. Mais c’est un problème pour les tanks, qui peuvent foncer vers l’avant et pour les machines qui ne tirent qu’à 180 degrés, deux cas où l’orientation a de l’importance. Et encore une fois, heureusement pour nous, les développeurs ont prévu le coup, il est possible de sélectionner cette façon de bouger uniquement pour les Agrav et c’est ce que je vous conseille. Pour les autres types de véhicules, serrez un peu les dents, gardez le schéma de déplacement de base et avec un peu de patience vous allez vous amuser.

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C’est un peu la même chose avec les armes. La taille de votre véhicule et celle de votre adversaire sont à prendre en compte. Pour les choses qui tirent des projectiles, il est parfois nécessaire de viser un peu avant votre cible si vous voulez la toucher. En plus de ça, deux lignes différentes correspondent à vos deux armes et il est facile de se tromper. Comme pour les déplacements, le tir demande de la finesse, de la patience et de la maîtrise. Mais ça vaut le coup.

Parce qu’une fois qu’on est habitué à la maniabilité, le jeu devient un pur plaisir. On ne sait pas trop où le placer, entre le twin stick shooter énervé et le pur jeu tactique. Le choix du véhicule et des armes va beaucoup influencer sur la façon de jouer. Un petit mech rapide va demander des tactiques de hit’ n’run, un gros tank blindé lui pourra se servir de sa résistance pour foncer dans la mêlée en comptant sur les items de bouclier que laissent les ennemis vaincus. Vous pouvez jouer en artilleur, sniper, ninja avec le camouflage optique. Tout un système lié au son que vous faites va gérer le nombre d’ennemis attirés par votre destruction. Vous laminez du bonshommes au canon Zeus et vous voilà avec une batterie d’ennemis énervés sur le dos. À noter aussi que vos adversaires sont comme vous, ils ont la possibilité d’avoir les mêmes armes et les mêmes véhicules, certains sont abominables à courte distance tandis que d’autres prennent un plaisir sadique à vous pilonner de loin. Il y a même quelques saletés qui, si elles vous ont dans leur ligne de vue trop longtemps, vont faire sonner une alarme qui va compliquer les choses en levant des murs un peu partout.

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Je le répète encore une fois, mais Bridagor est un jeu qui demande de la patience avant d’être vraiment agréable. Il peut devenir très difficile et avec ses contrôles raides, la frustration n’est jamais très loin. Mais une fois que vous l’avez bien en main, vous vous prenez au jeu et vous vous lancez vous même des défis : affronter un niveau de difficulté supérieure, choisir une arme plus complexe à prendre en main, un véhicule plus fragile. De toute façon, le temps d’apprentissage n’est pas un problème, parce qu’avant de l’abandonner à cause de sa difficulté, Brigador vous aura happé grâce à sa forte personnalité.

Des flashs et des booms

Vous avez vu à travers les screenshots qui illustrent le test que l’esthétique de Brigador a le goût charmant de l’ancien. Le jeu est une orgie de pixel-art fin et fourmillant de détails. On se plaît à écraser des dizaines de petites voitures dans un parking, détruire des arbres mignons pour arriver dans une zone envahie par de minuscules néons. Ce genre de graphismes est assez rare, surtout dans les jeux du genre où on a l’habitude d’être proche de ce qu’on contrôle. Brigador est aux jeux d’action vue de dessus ce que Total Annihilation est aux RTS, un dézoome puissant, une échelle différente qui grouille de vie si petite par rapport à nous.

Et le reste apporte à l’ambiance un arôme cyberpunk qui sent bon la SF un peu blafarde des années 80. Les Brigadors sont des mercenaires cyniques, il n’y a pas de gentils ou de méchants, il n’y a que des villes détruites et des morts. Au-delà du background, qui, même s’il est très fourni, s’il donne une dimension supérieure au jeu, reste selon moi accessoire*, c’est la musique qui donne à Brigador sa touche finale et sublime. Les tracks de Makeup and Vanity Set et leur synthé lancinant sont les accompagnateurs exemplaires de vos sessions de destruction. Même après quelques heures de jeu, Brigador ne perd jamais son charme, les environnements impressionnent toujours et on a de plus en plus envie de s’enfoncer dans les recoins poisseux de Novo Solo, la planète dont on est en train de niveler la surface.

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Une perle pour esthètes patients

Brigador est un jeu unique, un exemple de créativité de la part de développeurs qui méritent votre argent. Si l’ambiance cyberpunk vous emporte avec elle, vous arriverez à passer au-dessus du manque d’intérêt de la campagne et de la maniabilité douloureuse et vous comprendrez que Brigador c’est plus qu’un nom super classe, c’est aussi un jeu super bien.

*ce n’est pas le cas pour les développeurs qui ont même commissionné quelqu’un pour qu’il écrive un bouquin dans l’univers de Brigador.

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