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Titanfall avait tout de la superproduction qui allait faire décrocher nos mâchoires sur nos bureaux. Les trailers de gameplay se sont montrés convaincants et même la version bêta avait tout pour enthousiasmer. Malgré quelques couacs, nous étions convaincus de passer un bon moment en compagnie de gentils robots et d’agiles fantassins. Alors les géniteurs de call of duty ont-ils réussi à révolutionner le genre et à nous injecter de l’adrénaline dans les veines à chaque frag ?  [–SUITE–]

BIENVENUE A BORD

Titanfall se devait de plaire aux joueurs plus ou moins expérimentés. Même si les simulateurs de meurtre ne datent pas d’hier, il faut aussi convaincre les néophytes pour faire rentrer de l’argent dans les caisses. C’est ce subtil cocktail que Respawn devait parvenir à réussir pour placer son titre en haut du panier. 

Le jeu débute avec un tutoriel qui nous met dans l’ambiance, un petit accueil qui nous prépare à entrer dans un univers de science-fiction où les combats entre deux factions font des ravages. Rien de bien original. Inutile de s’attarder sur une campagne qui fait office de remplissage pour répondre au cahier des charges de l’éditeur. Il s’agit d’un mode multijoueur parsemé de scripts supplémentaires, ni plus ni moins. Elle n’a rien de passionnant et surtout vous devrez parfois attendre des plombes avant de trouver une partie. 

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Les scènes de largage, un gimmick de début de partie sympathique

Une fois la partie démarrée, vous assistez à une mini cut scene de largage, vous sautez de votre transport et hop vous êtes bon pour la castagne ! Une mise en scène rafraîchissante qui n’a rien pour déplaire et qui fait partie des bons artifices du titre. Une fois à terre le verdict est immédiat, nous avons bien à faire à une sorte de Call of Duty dans le futur. Les déplacements de base se révélent similaires, sauf qu’ici une composante a été rajoutée : vous bénéficiez d’un jet pack vous autorisant quelques péripéties aériennes. Il vous offre une agilité à toute épreuve vous permettant de grimper sur les buildings ce qui donne une orientation verticale au gameplay. Toutes les constantes du FPS moderne sont présentes ici : coup de crosse… enfin coup de pied, ironsight, et cetera. 

Une des originalités du titre vient de la présence sur la carte de nombreux personnages non joueurs, ces derniers faisant office de remplissage. Le jeu ne permettant que des affrontements à 12 joueurs, il a bien fallu compenser. Une mécanique qui ne déplait pas dans un premier temps, car elle permet de réduire certains temps morts. Si vous ne croisez pas de joueurs vous pourrez toujours vous rabattre sur la chair à canon. Ces bots sont bien animés et possèdent plusieurs routines différentes qui font véritablement vivre le champ de bataille. Vous pourrez parfois voir des soldats traîner leurs compatriotes blessés, un point fort pour l’immersion. Les éliminer se révélera être un jeu d’enfant et c’est là que l’on voit qu’il s’agit d’un artifice pour flatter le joueur en manque d’expérience, car peu importe la partie dans laquelle vous jouerez vous tuerez toujours au moins un PNJ !

Le jeu dispose de 5 modes de jeux se résumant en fait à de la capture de drapeau, du match à mort ainsi que de la domination. Les cartes sont au nombre de 15, ces dernières possèdent chacune de leur ambiance sans véritablement rester marquantes.

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On peut régler le FoV du jeu, c’est déjà ça…

Les titans

L’autre point original vient des Titans, des géants d’acier que vous pouvez larguer en cours de partie. Ils s’obtiennent en fonction d’un compte à rebours qui s’écoule dès le départ de la partie et peut être raccourci en fonction de vos performances. Une fois le titan disponible, vous le larguez en pointant une zone dégagée avec votre viseur et il tombera du ciel. Une pression sur la touche « utiliser » vous permettra d’accéder à l’intérieur de la machine infernale. Là on a le droit à une animation sympathique où le géant vous empoigne pour l’amener dans son cockpit. Le gameplay est différent, car vous ne sautez plus, mais avez le loisir d’utiliser un boost pour vous propulser dans quatre directions, à l’image d’un Hawken.

Votre titan dispose d’une arme principale, d’une autre sur l’épaule et d’une capacité spéciale. Ces dernières dépendent de ce que vous avez choisi dans votre config. Cette phase aurait pu être un peu plus intéressante si les robots possédaient plus d’inertie et une rotation moins rapide, car là on a tout bonnement l’impression de manier un gros fantassin, même si la démarche du géant de fer reste lente.

Il ne faut tout de même pas bouder son plaisir, puisque l’on ressent cette impression de puissance une fois à l’abri dans son cockpit. Certes pas autant qu’à l’intérieur d’un Daishi d’une centaine de tonnes, les fans de Mechwarrior saurons de quoi je parle, et même si l’échelle est différente on est loin aussi d’un mecha à la Heavy Gear. Ici le tas de ferraille est là pour foncer en première ligne et rentabiliser sa présence au maximum. A l’intérieur d’un titan on peut réfléchir à son placement, mais il est difficile de ne pas être tenté de foncer dans le tas.

L’engin dispose de coups en mêlée et pourra déloger un pilote adverse en l’arrachant de sa tanière de métal après avoir bien entamé ce dernier, tout bonnement jouissif ! Foncer sur des fantassins aura pour effet de les écraser, en mode Attrition il s’agit d’une méthode plutôt rentable pour faire des points. 

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Le cockpit des titans a été travaillé garantissant une bonne immersion

Les effets à l’intérieur du cockpit ont été travaillés, lorsque l’on est touché l’ATH se brouille et des effets de neige s’affichent. Ce sont ces petits détails qui renforcent énormément l’immersion. Une fois que vous aurez subi trop de dégâts dans votre armure, il vous sera possible de vous éjecter et de vous envoler dans les cieux. Une séquence très bien rendu, qui retranscrit l’empressement du pilote à sortir de là. Une « perk » de petit plaisantin permet aussi de lancer l’autodestruction de l’engin lors de l’éjection et d’emporter au passage un ou plusieurs ennemis dans une explosion dévastatrice. Hélas, le système d’éjection se permet parfois de planter lamentablement, il n’est pas rare de s’éjecter et de se retrouver d’un seul coup cloué au sol. Non seulement on se sent con et vulnérable, mais la situation est aussi embarrassante que ridicule. On ne parle pas de l’éjection en intérieur, qui vous propulse sur un plafond sans que vous mourriez… Il aurait été amusant d’avoir cette subtilité de ne pas pouvoir s’éjecter n’importe où sous peine de finir comme une crêpe Bretonne sur le plafond.

L’écrin de la bête

Venons-en à la partie graphique du titre : le jeu n’est pas dégueulasse, mais ne casse pas trois pattes à un canard, et s’il y a des effets sympathiques, les textures ne sont pas grandioses. On était en droit d’attendre quelque chose de mieux sur PC. Rien de transcendant et de « nextgen » pour un titre étant une exclusivité sur pc et consoles de microsoft (pour un titre qui sort aussi sur X360, on pourrait trouver ça normal). Nous ne sommes pas bluffés et au final, le moteur source accuse quelque peu son âge. Si encore le jeu parvenait à être fluide sur une bécane modeste, mais non ! Il va falloir revoir les détails à la baisse pour parvenir à un framerate convenable. L’optimisation se montre catastrophique lorsqu’il y a des effets de fumée, et le tout varie en fonction des cartes jouées. On a nettement l’impression que le titre a été sorti à la hâte ou bien qu’il s’agit d’un complot reptilien pour nous faire acheter des cartes graphiques surpuissantes hors de prix. 

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Belle de loin, mais loin d’être belle

On ne peut pas reprocher à Titanfall de se caler sur la concurrence. En effet, tous les titres récents ont cette fâcheuse tendance à ramer de façon honteuse sur des machines qui font tourner des titres comme Crysis 3 alors qu’ils ne sont pas plus beaux. De plus, on éclate de rire lorsque l’on repense à la décompression des fichiers imposée lors de l’installation et qui est censée permettre de faire tourner le titre sur des bécanes modestes. « 50Go de fumisterie » pourrait être le nouveau titre du jeu de Respawn. Il est sans doute possible d’optimiser les fichiers de configuration avec des opérations obscures, de faire du vaudou pour améliorer les performances du titre, mais un développeur se doit de sortir un titre accessible au plus grand nombre de machines, et ce dans les meilleures conditions. 

La partie bruitage quant à elle est tout bonnement merveilleuse, les armes font ressentir la toute-puissance de la poudre et chaque partie sera digne d’une superproduction. Le design sonore n’étonne pas, mais reste assez dosé pour injecter de l’adrénaline dans nos veines durant les parties les plus frénétiques. Des voix se feront entendre durant les affrontements, ces dernières relatant le temps qu’il reste pour obtenir un précieux titan ou bien si la partie avance en notre faveur. On a pour une fois affaire à une version française pas trop ridicule, mais parfois inégale, surtout dans les dialogues du fameux mode campagne. La musique se la joue épique, ce qui correspond parfaitement au genre du titre.

Et sur console, ça donne quoi ?

Bien que la majorité des lecteurs de Nofrag fassent partie de la « Master Race » du vidéoludisme, il est temps de se pencher sur la version paysanne du jeu. Oui votre serviteur fait son coming-out, il touche des pads et parfois y prend du plaisir… Mais pas cette fois. La version Xbox One parlons-en, on commence par quoi ? Le framerate qui oscille entre 30 et 45 images par secondes ? Le tearing catastrophique qui donne envie de se jeter par la fenêtre ? Ou bien les textures dignes de… Non tout simplement indignes en fait ! 

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Les joies du 792p de la Xbox One… oui c’est bien une résolution !

Tout ceci est bizarre, car on se rappelle de Call of duty sur console qui était loin d’être la plus belle du bal, mais avait le mérite d’être fluide pour le meilleur et pour le pire.

Netcode diabolique

Nous allons en venir à la partie qui fâche, le défaut le plus regrettable du titre : l’impardonnable netcode ! Alors certes, nous n’avons pas été gâtés récemment, mais là on atteint des sommets. Les parties peuvent parfois se transformer en festival du lag. Les gens ont cette fameuse tendance à se téléporter parfois. Nous sommes dans le futur, mais il y a des limites… Il arrive que vous vidiez un chargeur dans la tête de l’adversaire pour qu’au final il ne se passe rien, ou bien qu’il meure quelque secondes après un mystérieux incident cardiovasculaire. 

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Je suis un pgm, j’ai butté des bots, les seuls trucs qui ne laggent pas dans le jeu (et encore…)

On se surprend même à éviter les contacts au maximum, tant les combats au corps à corps se révèlent cafouilleux parfois. Quand ce qui doit se résoudre en un coup de pied se transforme en véritable combat de Power Rangers sautant au hasard, il faut revoir sa copie. Surtout qu’il y a un serveur européen, mais un coup d’œil au ping suffit à glacer le sang.

Bon certes, il y a des parties qui se sont passées sans accrocs, mais quelle frustration de constater que le meilleur était possible et que le jeu aurait vraiment pu être intéressant si on n’avait pas cette impression de dés pipés ou de netcode écrit à la sauvette. Il est difficile d’accepter d’avoir déboursé tant de deniers pour un jeu digne d’une bêta.

Ces graphiques tirés de cet excellent article de gamekult illustrent le véritable problème de Titanfall :

Le fastfood du FPS

Si on oubliait les imperfections citées précédemment, Titanfall aurait tout du FPS triple-A marrant auquel on peut s’adonner plusieurs soirs avant un sommeil mérité. La vérité est tout autre, le jeu parvient à lasser à la vitesse de la lumière et son manque de contenu afflige (trois châssis de Titan seulement ? Vous êtes sérieux ?) Tout est là pour mettre de bonne humeur, mais la somme d’artifices résulte en une saturation de « featurettes » ou d’effets spéciaux. Parce que jouer contre des IA et contrôler des Titans ne suffisait pas, il a fallu qu’ils ajoutent les atouts, des cartes que l’on amasse au gré des parties et qui enclenchent un skill lorsque l’on décide de les utiliser. A quoi ça peut bien servir ? Un ajout qui déséquilibre des parties qui se trouvent déjà être un joyeux bordel, on sent vraiment le filon marketing s’immiscer. Comme s’il fallait ajouter du supplément pour prétexter des vidéos de présentation ou je ne sais quoi, créer le buzz coco ! Il n’y a rien de subtil dans ce système et il est clairement de trop ! (il s’agit d’un avis très personnel je l’accorde !)

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Non ne me regardez pas… C’est déja assez dur comme ça !

Les rounds s’enchaînent et se ressemblent, malgré plusieurs modes de jeu. On a cette désagréable impression d’être boosté artificiellement pour que chacune de nos parties soient dignes des plus beaux frag movies. Mais en réalité, l’accomplissement d’un frag ne fait ni chaud ni froid après quelques matchs, on ne sent pas le mérite, la satisfaction. Quelques rafales et l’adversaire meurt… on réapparait immédiatement et du coup on ne ressent quasiment aucune frustration d’avoir perdu. Tout est accessible maintenant et tout de suite. Le gameplay ainsi que sa mise en scène s’avèrent être des accessoires marketing, même si l’idée de ponctuer les fins de partie avec une phase de fuite reste bonne et intéressante. Voir une vidéo de Titanfall a tout pour séduire, mais une fois en main durant plus d’une heure, la magie n’opère plus et on commence à maudire les cieux. 

On peut ajouter à cela un système de défis, enfin appeller ça défi tient tout simplement de la plaisanterie. Chaque partie sera ponctuée de : bravo vous avez joué une heure +5000 points, vous avez tué des gens avec une mitraillette +5000 points. On se demande si le jeu ne va pas nous récompenser pour avoir mangé un paquet de chips mexicaines pendant une partie. Les niveaux se gagnent avec facilité et font croire à n’importe quelle brêle aux jeux de tir qu’il progresse. En visant le grand public, Titanfall râte complètement le coche et restera un titre donnant des idées dépressives au joueur en attente de fun ou de challenge. L’avenir du simulateur de meurtre en réseau tend à faire peur.

Verdict

Titanfall est génial ! Oui, pendant quelques heures, après il y a tellement de choses plus intéressantes à faire, comme votre lessive, votre vaisselle ou bien installer un véritable jeu multijoueur. Vous pourrez toujours essayer de vous forcer à y jouer, mais l’indigestion guette. Vu le netcode complètement foireux, je ne le conseillerais même pas en promotion à moins d’un patch miraculeux sur le netcode que l’on « newsera » avec plaisir. Un gâchis lorsque l’on sait que le titre possède un gros potentiel. Peut-être que sa suite saura apprendre des erreurs de son grand frère, du genre ajouter une vraie campagne, un meilleur netcode et faire un jeu un poil plus optimisé. 

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