Vous êtes peu nombreux sur NoFrag à avoir accroché à Shootmania. Ce n’est pas vraiment étonnant sachant que nous sommes avant tout des amateurs d’armes et de violence virtuelle. Or, dans le jeu de Nadeo, il n’y a ni l’un ni l’autre : les armes ne sont pas affichées à l’écran et les ennemis disparaissent au lieu de mourir, ce qui réduit presque à néant le côté brutal et viscéral que nous affectionnons dans les simulateurs de meurtre.

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On a déjà vu plus violent

De plus, la campagne marketing a débuté très tôt auprès de la communauté, perdant ensuite peu à peu son élan pour finir sur une sortie officielle qui avait tout l’air d’un non-événement. Nous pensions donc que le jeu avait fait un flop et ce n’est qu’en discutant avec Anne Blondel, la Publishing Managing Director de Nadeo, que j’ai pu me rendre compte de mon erreur :

Si Shootmania n’est pas parvenu à titiller les tueurs virtuels que nous sommes, il a néanmoins réussi à toucher le cœur d’un autre public, permettant à Nadeo de dépasser les objectifs qu’ils s’étaient fixés en termes de vente. Objectifs qui ne devaient pas être bien élevés puisqu’à peine 600 joueurs se retrouvent sur les serveurs chaque soir. Selon Anne Blondel, toute proportion gardée, le lancement de Shootmania est meilleur que celui de Trackmania dix ans plus tôt. Les développeurs sont ainsi très satisfaits du nombre de joueurs actuels et envisagent avec optimisme l’avenir du jeu.

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Avec un pic de 600 joueurs le soir, pas de quoi non plus fanfaronner

On peut alors se demander pourquoi le nouvel environnement, dont la sortie était prévue six mois après la sortie du jeu, n’a toujours pas été annoncé. La raison invoquée, c’est qu’au lieu de sortir du contenu le plus rapidement possible pour facturer ses clients, Nadeo préfère peaufiner l’environnement actuel pour bichonner les joueurs qui leur ont fait confiance et qui passent du temps sur Shootmania. Pour le coup, nul ne sait quand sortira le prochain environnement dont la production ne semble même pas avoir débuté.

Anne Blondel qualifie le business model de Shootmania de Pay to Stay : vous payez une somme fixe pour accéder au jeu, puis grâce au support des développeurs qui sorte des mises à jour toutes les deux à trois semaines, et grâce au contenu créé à l’aide des outils d’édition, vous pouvez y jouer durant des mois sans débourser un centime. Selon Nadeo, ils n’ont pas vraiment le choix : leurs jeux étant conçu pour permettre au grand public de créer du contenu, ils seraient bien en peine d’adopter un modèle F2P, car ils entreraient alors en concurrence avec leurs propres clients.

En effet, s’il est possible pour VALVe de facturer un chapeau ou une map ayant nécessité du savoir-faire et des heures de travail, il n’en est pas de même sur Shootmania où la création d’une arène est la portée du premier venu. On pourrait en effet comparer le SDK de Team Fortress 2 à de la terre glaise, et celui de Shootmania à une boite de Lego.

Pour en revenir à la campagne marketing qui nous a fait l’effet d’un flop, Anne Blondel m’a expliqué que traditionnellement les éditeurs dépensent tout leur budget marketing afin de créer un événement le jour de la sortie du jeu pour vendre un maximum d’exemplaires le plus rapidement possible, et tant pis si les ventes s’effondrent la semaine suivante. A contrario, Nadeo cherche à créer une relation de longue durée avec la communauté ce qui se fait lentement et nécessite plus de temps. Si l’engouement en France semble s’être calmé, il n’en est pas de même sur les autres territoires où Nadeo bâtit, pays après pays, une base de joueurs réguliers en partenariat avec des sociétés organisatrices de compétitions.

Ainsi, là où nous autres, amateurs de meurtres virtuels, nous voyons un jeu qui a tenté de percer dans l’esport avant de faire un flop et de disparaître des écrans radars, Nadeo voit un titre qui ne cesse d’évoluer et qui touche de plus en plus de joueurs. Il ne faut pas non plus oublier que les développeurs ne sont qu’une douzaine ce qui leur permet d’atteindre rapidement un seuil de rentabilité.

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L’interface de Maniaplanet, passage obligé pour lancer les jeux Nadeo

Nous nous sommes finalement quittés en échangeant quelques mots sur Maniaplanet, le portail permettant d’accéder à Trackmania et Shootmania. Comme vous pouvez l’imaginer, Nadeo est conscient des problèmes de son interface que beaucoup de joueurs estiment trop confuse. Les développeurs travaillent dessus, mais il ne faut malheureusement pas s’attendre à un bigbang ou à une version 2.0, car les développeurs préfèrent travailler de façon itérative en améliorant l’interface petit à petit.

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