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De gauche à droite : Barbe Noire, Bolajoko, Kevin

L’année dernière, NoFrag lançait un appel à témoin pour connaître les raisons qui vous poussaient à acheter où à pirater des jeux vidéo. Vous avez été tellement nombreux à nous répondre qu’il nous aura fallu plus d’un an pour (nous décider à) lire vos 230 messages. En voici notre analyse : [–SUITE–]

Je pirate parce que…

Sans grande surprise, lorsque nous vous demandons les raisons qui vous décident à pirater, la réponse qui revient le plus souvent (dans 36,5% des cas) c’est que les jeux sont trop chers. La majorité des gens précisent qu’ils peuvent se permettre d’acheter des jeux, mais que la plupart des titres n’en valent pas la peine, car ils sont trop courts ou tout simplement trop médiocres. Autrement dit, ce n’est pas le prix qui est en cause, mais le rapport qualité prix.

Toujours dans le même ordre idée, vous êtes 25,2% à pirater les jeux dans l’optique de les essayer. Il y a ici deux cas de figure : les curieux qui n’ont aucune intention d’acheter le jeu, mais qui souhaitent savoir à quoi il ressemble : ils pensent y jouer une ou deux heures avant de s’en débarrasser. Et il y a également des joueurs qui, en l’absence de démo, veulent tester le jeu avant de l’acheter.

Vous êtes également nombreux à pirater pour éviter les systèmes de protections trop lourds (15,2%), ou parce que c’est plus facile de télécharger une iso que d’aller au magasin (7,8%), ou tout simplement parce que le jeu que vous cherchez n’est plus dans le commerce (2,2%).

Enfin, seulement 7,8% des personnes qui ont répondu à notre appel à témoin ne se posent aucune question de morale et piratent parce qu’ils ne voient pas l’intérêt d’acheter ce qu’ils peuvent obtenir gratuitement.

En analysant les témoignages des pirates, il serait possible de leur faire perdre leurs mauvaises habitudes en leur proposant des jeux moins chers, de meilleure qualité, sans DRM et téléchargeables facilement.

J’achète parce que…

La principale raison vous motivant à acheter (26,1% des réponses), c’est la présence d’un mode multi nécessitant une clef valide. Autrement dit, vous achetez quand vous n’avez pas le choix.

Nous avons également reçu de nombreux témoignages (19,1%) de personnes qui achètent des jeux d’occasion ou quand ils sont en promotion. Ca recoupe le fait que la plupart des gens piratent car les jeux sont trop chers.

Plus étonnant : vous êtes 19,1% à nous affirmer que vous achetez certains jeux pour récompenser ou encourager les développeurs. Voilà qui devrait pousser les studios à améliorer leur image de marque et leur communication auprès des joueurs. On peut supposer que les grands gagnants sont les petits développeurs indépendants comme ceux de Red Orchestra ou de Natural Selection 2 qui ont su rester proches de leurs fans.

Toujours dans l’idée que les jeux sont trop chers, 7,8% de nos lecteurs nous expliquent qu’ils se sont mis à acheter des jeux à partir du moment où ils ont commencé à toucher leurs premiers salaires.

Il y a également 6,5% des honnêtes gens qui achètent essentiellement pour obtenir une belle boite, 2,2% qui achètent car ils possèdent une console et qu’ils ne savent pas comment la pirater, et 2,2% qui trouvent plus simple d’acheter que de pirater.

Enfin, seulement 1,7% des joueurs achètent leurs jeux parce qu’ils ont peur des sanctions encourues s’ils se font pincer.

Quelles sont les solutions pour lutter contre le piratage ?

Si l’on se fie à vos témoignages, qui ne sont sans doute pas très représentatifs du joueur lambda, il y a plusieurs axes sur lesquels les éditeurs pourraient travailler afin de vous pousser à acheter plus de jeux :

    1. Réduire les prix et proposer des promotions, mais surtout cesser de vendre au prix fort les jeux moyens ou trop courts. Les éditeurs semblent l’avoir assez bien compris : ils n’hésitent pas à vendre des jeux neufs à petit prix, ils multiplient les promotions, et ils n’ont pas peur de vendre plus cher un blockbuster comme Modern Warfare 2. Aujourd’hui, avec un peu de patience et en fouillant sur le net, il est possible de jouer à des tonnes d’excellents jeux à prix sacrifiés. La tendance semble s’accélérer au fur et à mesure que les ventes dématérialisées prennent du volume, ce qu’on peut facilement observer sur Steam.
    2. D’après vos témoignages, les systèmes de protection ont plus tendance à vous pousser au piratage qu’à vous forcer à acheter. La solution pourrait être de rendre les jeux légaux plus faciles à obtenir et plus simples à utiliser que les versions pirates. Ici encore, on voit tout de suite comment Steam et son système d’auto-update peut inciter certains pirates à passer dans la légalité.
    3. La seule protection efficace semble être la présence d’un mode multi nécessitant une clef valide. Outre le fait de proposer un mode multi de qualité, la solution serait de centraliser tous les accès au mode multi en supprimant les serveurs dédiés, car ces derniers, une fois hackés, permettent de jouer avec des versions pirates. Mais attention au retour de bâton, car sur PC les joueurs n’auront peut-être pas toujours envie de jouer à un jeu multi sans serveurs dédiés et se contenteront donc d’une version pirate leur permettant de faire la campagne solo.
    4. Améliorer l’image de marque des développeurs : à défaut de chouchouter les joueurs, certains éditeurs devraient commencer par cesser de mépriser leurs clients. De même, en sortant des tonnes des jeux destinés aux joueurs occasionnels, certains éditeurs dégradent leur image de marque auprès des core gamers. On peut ainsi penser à EA qui s’était forgé une image détestable en sortant des suites de suites de suites, ou encore à Ubisoft qui utilise la même marque pour publier Alexandra Ledermann et IL-2 Sturmovik. Pour lutter contre ce phénomène, les éditeurs devraient mettre en avant le nom de leurs studios de développement plutôt que le leur. EA et Activision semblent l’avoir compris avec DICE et Infinity Ward. Ubisoft, par contre, est toujours autant à côté de la plaque.
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