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A n’en pas douter blasés de sortir des benchmarks depuis plus de dix ans, les Finlandais de Futuremark ont décidé de franchir le pas de la création de jeux vidéo. Leur premier titre s’appelle Shattered Horizon, et vous n’en avez certainement pas beaucoup entendu parler : sans éditeur et disponible uniquement en téléchargement payant, le jeu n’a bénéficié de pratiquement aucun marketing.

Malgré tout, et même s’il n’a pas le budget publicitaire de Modern Warfare 2 ou Left 4 Dead 2, c’est l’un des rares FPS multijoueurs de cette fin d’année à ne pas rater.
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Un FPS dans l’espace, comment ça marche ?

Qui dit espace, dit gravité zéro. Durant les premières minutes, les sensations en apesanteur sont très proches de celles ressenties dans le vaisseau Alien de Crysis : le joueur flotte et se déplace lentement. Rassurez-vous, les similitudes s’arrêtent ici. Car là où le niveau de Crysis était très désagréable à cause des contrôles basiques et du level design souvent trop étroits, c’est tout le contraire dans Shattered Horizon : les environnements sont le plus souvent ouverts, ce qui oblige à surveiller toutes les directions, et le joueur dispose d’un panel de mouvements qui lui offre la possibilité de se déplacer plus librement. Florilège :

  • Down or attach to surface : avec la même touche, le joueur peut baisser son altitude et se poser automatiquement sur une surface, comme un astéroïde ou un satellite, ce qui lui permettra de se déplacer à l’instar de n’importe quel autre FPS. Dès lors, son arme gagne en précision lors des gunfights.
  • Jump to surface : c’est la même chose que ci-dessus, à l’exception qu’il faut viser la surface à proximité et appuyer sur la touche assignée pour s’y poser.
  • Boost : comme son nom l’indique, il s’agit d’un boost qui, s’il est complètement déchargé, propulse l’astronaute sur plusieurs dizaines de mètres. A noter qu’en parallèle le joueur est équipé d’un petit jetpack qui assure ses déplacements et qu’il est possible de débrancher (on y reviendra un peu plus tard).
  • Roll Horizon : si Shattered Horizon est agréable à jouer en gravité zéro, c’est en grande partie grâce à cette option. En maintenant la touche enfoncée, le joueur devient entièrement libre de ses mouvements et peut donc orienter son corps dans la position qu’il souhaite grâce aux mouvements de sa souris, sur 360 degrés.
3 minutes de gameplay tirées du multijoueurs

D’une manière générale, un joueur skillé sur Shattered Horizon se devine à deux indices : sa façon de bouger pour attaquer et de se positionner pour défendre. Il faut évidemment savoir viser pour marquer des points, mais il est tout à fait possible d’atteindre le sommet du tableau des scores en jouant uniquement par la ruse et la discrétion. Ainsi, ne soyez pas étonné si un ennemi jouant à cache-cache derrière des astéroïdes ne riposte pas à vos tirs : c’est parce qu’il se faufile pour contourner un joueur de votre équipe en vue de le massacrer au corps à corps. Ce type de frag est plus difficile à réaliser qu’un backstab dans Team Fortress 2 à cause des déplacements plus délicats à apprivoiser, mais il n’est pourtant pas aussi gratifiant, ce qui est principalement dû à une animation peu convaincante.

Si comme moi l’infiltration n’est votre tasse de thé, rien n’empêche d’aller au cœur de l’action, là où les balles sifflent. Cependant, il ne faut pas espérer faire des ravages en partant seul dans son coin : une balle bien placée engendre beaucoup de dégâts (la vie remonte, mais très lentement) et le large cône de dispersion privilégie les petites rafales au full-auto. De plus, avec la gravité zéro qui empêche de straffer efficacement, le moindre duel en face à face peut s’avérer fatal si on ne commence pas à tirer en premier.

Dans ces conditions, mieux vaut donc favoriser le jeu en équipe, par petites escouades. Avec du spam et des tirs croisés, une poignée de joueurs peut à elle seule renverser le cours d’une partie. Cette stratégie rend les rounds plus intenses, fait oublier le rythme lent engendré par l’apesanteur et supprime les petits moments d’hésitation liés à la peur de se faire tuer. C’est en jouant ainsi qu’on se rend compte du potentiel de Shattered Horizon en équipe, ce qui explique que certains joueurs aient déjà prévu de se lancer dans la compétition à plusieurs.

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Qu’on soit solitaire, tête brûlée ou adepte du jeu en équipe, on y trouve donc son compte, avec cependant plus ou moins de réussite. Tout dépend du style de jeu adopté et de la motivation qu’on se donne à vouloir progresser : jouer en groupe de 3-4 joueurs se révélera payant au bout de quelques minutes tandis qu’une approche basée sur l’infiltration demandera plusieurs heures d’apprentissage pour réussir à enchaîner les frags et devenir utile à son équipe. Après ça, le seul obstacle empêchant d’accrocher à ce gameplay reposant autour de l’apesanteur restera le rythme nonchalant des combats et des mouvements, qui jusqu’à présent fait l’unanimité auprès des joueurs l’ayant essayé.

Houston, laissez-moi là-haut

Pour un titre estampillé Futuremark, on était en droit de s’attendre à quelque chose de solide techniquement, et c’est le cas. Rien d’exceptionnel cependant, car si le moteur maison a si belle allure, c’est avant tout grâce à une direction artistique soignée : c’est propre et de bon goût, avec des caisses de couleurs (même dans l’espace, un FPS reste un FPS, avec tout ce que cela implique) et des paysages soignés. C’est si bien réalisé que les premiers instants passés dans ce cosmos sont les plus dépaysants qu’on ait vus depuis un moment : on se sent perdu au milieu de ce grand vide, sans trop savoir quoi faire, ni où aller.

Afin de renforcer l’immersion, Futuremak n’a pas lésiné sur l’ambiance sonore. Avec sa musique joliment composée et les nombreux bruitages destinés à l’environnement du joueur, l’ambiance devient prétexte à jouer plus longtemps. Cette immersion totale, c’est l’incontestable réussite de Shattered Horizon et la raison pour laquelle on s’en souviendra encore dans quelques années.

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Pour l’heure, Shattered Horizon ne permet de jouer que sur quatre maps. Elles se situent toutes dans l’espace et profitent de ce contexte pour nous faire voir des lieux inédits, comme la Station Spatiale Internationale. Leur taille varie entre le moyen et le vraiment très grand, et malgré les limitations qui ne permettent pas de s’écarter de plus de quelques centaines de mètres du champ de bataille sans mourir, on prend plaisir à évoluer dans ces niveaux qui ne ressemblent à aucun autre. On attend de découvrir les quatre nouvelles maps gratuites prévues pour très bientôt, en espérant un résultat du même calibre.

Dans l’espace, tout le monde t’entend crier.

C’est bien connu, il ne peut pas y avoir de son dans l’espace. Dans le cas de Shattered Horizon, cela rendait le jeu handicapant et frustrant à cause de l’absence de repères sonores. La solution à ça, Futuremark l’a trouvée : c’est l’OS de la combinaison spatiale du joueur qui simule les sons en temps réels, aussi bien les explosions que les coups de feu.

« This isn’t Counter-Strike : check your 360 ! »

Par souci d’équilibre et pour s’assurer de sortir un jeu basé sur les capacités du joueur à bien viser, Futuremark a pris le moins de risque possible. Il n’y a qu’une seule arme (un fusil d’assaut aux munitions illimitées) et ses dégâts sont localisés : une balle dans le bide fera beaucoup moins de dommages que celle qui se logera dans la visière du scaphandre ou le réservoir à oxygène.

On a beau croire qu’une seule arme n’est pas suffisante pour jouer plus de quelques heures sans se lasser, ça ne pose pourtant pas de problème à Shattered Horizon. Le feeling du fusil est agréable et la présence de trois types de grenades apportent de la variété aux combats : la première explose, la seconde fait de la fumée et la troisième court-circuite la combinaison de l’astronaute, rendant ce dernier très vulnérable pendant quelques secondes. En bonus, la baïonnette qui permet de tuer en un coup au corps à corps.

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Autour de cet arsenal limité, les développeurs se sont amusés à ajouter quelques bonnes idées pour proposer une marge de progression conséquente et un plaisir de jeu qui ne se limite pas à quelques heures. La principale d’entre elles s’appelle « Silent Running » et consiste à éteindre l’OS de sa combinaison d’astronaute (et notamment le jetpack) pour disparaître des radars ennemis et attaquer l’équipe adverse par surprise. Ca paraît simple dit comme ça, mais comme je le laissais entendre un peu plus tôt, il faut plusieurs heures de jeu pour apprendre les bons réflexes liés aux déplacements et maîtriser les petites subtilités qui font la différence en plein combat. A noter qu’en parallèle, tout dépend des facultés du joueur à tirer profit de la gravité zéro pour attaquer l’adversaire, ce qui, en fonction de la personne et des jeux qu’il a l’habitude de pratiquer, peut se révéler plus ou moins évident.

Autant dire que si vous avez passé ces dix dernières années à squatter le plancher des vaches de Counter-Strike ou Battlefield, les premières heures risquent de se passer dans la douleur. A l’inverse, si vous êtes un adepte de Tribes, un environnement ouvert à fort relief ne devrait pas poser problème.

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Ce qui nous chagrine

Pendant que Futuremark s’attelait à faire de Shattered Horizon un jeu novateur, soigné et immersif, ils ont un peu mis de côté les modes de jeux. Il n’y en a que trois (Battle, Assault, Skirmish) et ils ne sont rien d’autre que du TDM et Capture the Point. Les développeurs ont beau avoir annoncé à demi-mot la venue prochaine d’un mode Capture the Flag, on espère qu’ils réfléchissent à quelque chose de plus original et qui profite de cet environnement unique pour un FPS multijoueurs.

Mais finalement, ce qui dérange le plus et qui risque de couter la vie à Shattered Horizon, c’est sa très petite communauté de joueurs. Avec une moyenne de 50 connectés en soirée, on craint qu’il soit rapidement abandonné et uniquement joué par quelques dizaines de fans surentrainés qui risquent de faire fuir les nouveaux venus. Reste à savoir si la popularité de Windows 7 et le bouche à oreille suffiront à apporter au jeu le succès qu’il mérite, et si possible rapidement.

Un bon prétexte pour passer à Windows 7

Il n’y a pas grand-chose à reprocher à Shattered Horizon. Pour 20€, il innove dans de nombreux domaines et demande un investissement personnel pour progresser et briller en ligne. On espère que ce coup d’essai portera ses fruits et que Futuremark continuera d’apporter du contenu additionnel gratuit pendant encore quelques temps. Soyons franc : si vous ne devez acheter qu’un seul FPS en cette fin d’année, c’est celui-là.

DirectX 10/11 ou rien

Shattered Horizon est exclusivement compatible DirectX 10 et 11, ce qui implique que vous utilisiez Windows Vista ou 7 pour y jouer. Le jeu n’est pas du niveau graphique de Crysis, mais il nécessite du matos tout aussi performant pour tourner dans de bonnes conditions. Nous concernant, ce test a été réalisé TAF avec une moyenne de 40 images par seconde et la configuration suivante : GTX 275, Core2Duo E8400 (3.00Ghz) et 2Go de mémoire vive.

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