Le nombre de FPS sur console n’a cessé d’augmenter depuis la sortie de Halo et l’année 2004 a confirmé cette nouvelle tendance : que ça vous plaise ou non, de plus en plus de hits sortiront exclusivement sur console et vous serez bientôt obligé de vous mettre au gamepad si vous ne voulez pas être mis sur la touche.
Mais est-ce une fatalité ? Peut-être pas grâce à l’alternative que Multicom est sur le point de lancer sur le marché. Lors d’une micro-conférence de presse organisée au Palais de Tokyo, nous avons pu interviewer Kevin Leroy, le concepteur du très mystérieux Mouddle : [–SUITE–]– NoFrag : Bonjour Kevin, vous pouvez nous parler un peu de votre parcours ?
– K.Leroy : Oui. J’ai terminé l’Essec en 1998 pour tout de suite me lancer dans la net-économie. J’ai fondé Spirale en 2000, au confluent de l’événementiel et des nouvelles technologies. Un an plus tard, comme pas mal de start-up, j’ai déposé le bilan. Mais je ne me suis pas découragé, je suis quelqu’un de positif et je crois au mérite. C’était une belle expérience. J’ai donc intégré une filiale de Microsoft jusqu’à ce que je trouve une idée et de quoi la produire. Avec mon associé Philippe Pinault, on a travaillé dans le plus grand secret. L’espionnage industriel est une réalité qu’on ne pouvait pas ignorer. Il aurait été facile pour une grande entreprise de nous doubler, mais maintenant nous sommes rassurés. Dans quelques jours, nos efforts porteront enfin leur fruit… c’est une période très excitante pour moi ! (rires)
– Et donc, ce projet que vous vouliez nous présenter ?
– C’est le Mouddle. Contraction de mouse et de paddle. En fait l’idée est tellement simple que je m’étonne encore de l’avoir brevetée le premier : sur le dos d’une souris basique, on greffe une manette type console. La prise en main est immédiate et ça ouvre des possibilités considérables en terme de gameplaying. C’est encombrant mais ergonomique, précis et surtout configurable à volonté.
– C’est quoi, l’intérêt ?
– Vous plaisantez ? Le Mouddle, c’est intuitif, c’est moderne, c’est novateur, ça rend tout possible. Pour une fois, les adeptes de la souris et de la manette vont cesser leurs incessants débats sur la supériorité d’un outil sur un autre. J’ai toujours pensé que cette vieille opposition était stérile. Je suis très fier que Multicom s’apprête à réunir deux catégories de joueurs qui se complaisent dans l’antagonisme. Bientôt, tous pourront se retrouver dans une totale maîtrise de la 3D, à condition bien sûr de poser le Mouddle sur une table pour que la partie « souris » puisse fonctionner. Selon la configuration choisie, les joueurs pourront décider de viser à la souris et de se déplacer au paddle… ou l’inverse. Question design, nous sommes à la pointe avec déjà quatre habillages disponibles : treillis urbain, noir transparent, vert alien, et une version Calista Flockhart plus féminine. Bien sûr, on a conscience chez Multicom que certains vont lever les boucliers. Les habitudes ont la vie dure ! Mais ça ne nous fait pas peur. Si on écoutait les arrière-gardistes, on jouerait encore à Pacman avec un Joystick. Alors que le Mouddle, avec la vidéophonie, est sans doute l’innovation majeure de l’année 2005. On prévoit une mise sur le marché d’ici novembre, pour les fêtes. 40 000 exemplaires avec un gros effort de Virgin : têtes de gondole, pénurie organisée, et des stars. On a déjà discuté avec Magloire et Loran Deutsch : ils sont séduits.
– Mais à quoi pourra-t-on jouer ?
– On a commencé à développer des partenariats, mais il est trop tôt pour citer des noms. Les FPS sont bien sûr à la pointe de nos préoccupations. En attendant, nous avons créé un Arkanoïd en 3D.
– Un Arkanoïd ?
– Oui. Enfin, un casse-briques. Mais attention, un casse-briques vu du dessous, avec tous déplacements autorisés, complètement révolutionnaire, où on pourra utiliser des options comme l’invisibilité, le lance-flammes, la grenade à fragmentation ou le commando-suicide. Il y aura même des Invaders pour corser le jeu en mode nightmare. Vous voyez, on pense aux FPS. On voit loin. Mais de toute façon, le développement de jeu, ce n’est pas notre métier. On reste humbles. Quand on prend des risques comme moi, l’humilité est une amie indispensable ! (rires.)
– Et c’est pour quand ?
– Nous présenterons officiellement le Mouddle dans cinq jours, au salon Linux Solutions. Ce sera une sorte de happening pour lequel nous avons réquisitionné en secret une des meilleures teams françaises : démonstration en direct sur un CS spécialement patché, costumes et DJ. On a tout prévu dans les moindres détails.
– Mais vous n’avez pas développé le Mouddle en logiciel libre ?
– Ah non. Je vous l’ai dit, j’ai travaillé pour Microsoft et j’ai conservé des partenariats qui évidemment sont confidentiels. Je suis quelqu’un de fidèle, j’ai des valeurs. D’ailleurs il est temps d’en finir avec cette naïveté autour du libre : on confond parfois utopie et réflexes réactionnaires. C’est facile d’être contre l’argent et de travailler pour le bien commun. Trop facile, même. Je suis un innovateur mais j’ai besoin de vivre. Et je n’ai pas honte de le dire.
– Mais pourquoi Linux Solutions, alors ?
– Parce que malheureusement, notre public est là. On a besoin des gamers les plus progressistes et les plus curieux pour enclencher le mouvement. En plus, le libre a le vent en poupe. On serait stupides de ne pas en profiter. Comme Sun dont nous occuperons le stand, nous savons que paradoxalement, le libre est un des meilleurs moyens de retourner vers l’économie classique.
– Pourquoi avoir choisi de nous accorder cette interview ?
– On est dans une démarche de marketing viral. L’an dernier, la presse était très présente autour de Linux Solutions, notamment à cause de la présence d’André Santini. A nous, cette fois, de faire parler de nous : le 20 heures de France 2 nous semble être un bon point de départ pour la promo. Et si les lecteurs de NoFrag viennent nous soutenir et faire foule, je sais qu’on attirera l’attention. Je répète donc la date : 1er février à 15h, stand Sun, salon Linux Solutions, à la Défense.
