mini 2004 11 14 shot0120Misère, encore un Medal of Honor… Voilà près de 4 ans qu’Electronic Arts nous fait bouffer de cette lucrative série de FPS pour écervelés, dont les fans sont particulièrement friands depuis l’apparition d’Allied Assault sur PC. Ce dernier, avec Call of Duty, représente ce qui se fait de « mieux » dans le genre : un jeu solo basé sur un enchaînement de scripts, une IA limitée au strict minimum, et un jeu dirigiste de tir aux pigeons dont vous êtes le héros. Au point que même E.A. a fini par se lasser, et tente (enfin) de faire évoluer la franchise avec ce Pacific Assault. Résultat : « A fait des efforts, mais niveau encore insuffisant ».
[–SUITE–] Le club des cinq sous les cocotiers

Tout comme le très moisi Rising Sun sur PS2, ce Medal of Honor laisse enfin tomber les terres de la vieille Europe. En effet, Pacific Assault choisit pour cadre la bataille du… Pacifique, dont la boucherie de Pearl Harbor marque l’entrée en guerre des Etats-Unis. Si les Américains se sentiront forcément très concernés par ce nouveau cadre de jeu, les autres, dont nous Européens, se sentiront probablement moins impliqués par ce conflit. En effet, la connaissance du Français moyen dans ce domaine doit se résumer aux combats aériens d’un certain Papy Boyington au dessus de l’océan et de plages de cocotiers. Pour ceux-là, Pacific Assault aura au moins un mérite : à défaut de jouer la carte du réalisme historique (eh, c’est un MoH, faut pas déconner non plus !), vous pourrez en apprendre un peu plus sur cette tranche d’Histoire, documents d’archive à l’appui, et jouer quelques unes des batailles du Pacifique, dont Pearl Harbor (1941), là où « tout a commencé », mais également Guadalcanal (1942), ou encore le débarquement ensanglanté de Tarawa (1943).

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Vous êtes donc Tom Colin, un soldat des Marines dont vous allez suivre la destinée, accompagné de 4 autres bidasses, vos éternels compagnons pendant vos pérégrinations. Première tentative de renouveau donc, avec ces 4 boulets auxquels vous pouvez donner quelques ordres basiques… mais globalement inutiles. En effet, la réponse à vos ordres est très relative, et de toutes façons, ils sont parfaitement autonomes et efficaces, en plus d’avoir des vies infinies. Le principal intérêt de ces compagnons de guerre vient du fait qu’ils vous donnent oralement et régulièrement, en plein combat, de vrais renseignements sur les objectifs et les ennemis repérés. Pas mal pour l’immersion. Mais finalement, c’est surtout le médecin de l’équipe qui se révèle important, au point de constituer à lui seul l’un des meilleurs côtés du jeu. Car dans Pacific Assault, il n’y a pas, ou presque pas, de medikits. Si vous perdez des points de vie, ou si vous mourrez, seul ce médecin pourra quelque chose pour vous, et il ne pourra intervenir qu’un nombre limité de fois. A vous de l’appeler aux meilleurs moments, en prenant garde à votre vulnérabilité pendant qu’il vous soigne. Pas con, et particulièrement bien implémenté. Voilà une idée qu’on aimerait voir plus souvent.

Corridors of Assault

Car pour le reste, il s’agit d’un bon gros shoot de base, classique au possible, et reprenant assez fidèlement la recette d’Allied Assault ou de Call of Duty : une mise en scène hollywoodienne, quelques scènes impressionnantes avec des explosions de partout, des passages bourrins, parfois à bord de véhicules (dont tout un niveau ultra pénible à bord d’un avion), où vous vous contentez de jouer l’artilleur, mais surtout, SURTOUT, des couloirs, et des couloirs, et encore des putains de couloirs, que vous êtes obligé de suivre, en allant toujours de l’avant, et en passant votre temps à éradiquer les japs qui croisent votre chemin. Même la jungle, que vous allez devoir traverser pendant une bonne partie du jeu, est organisée en petits sentiers de quelques mètres de côté, parfaitement murés par une végétation infranchissable. C’est totalement consternant, et si on peut tolérer une campagne linéaire vous obligeant à passer par quelques points de contrôle, il devient particulièrement regrettable que le jeu soit encore aussi dirigiste, au point qu’on trouve même des panneaux fléchés au milieu de la jungle, pour vous indiquer que « c’est par là ». Hallucinant.

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Ainsi, sans surprise, et contrairement aux promesses de ses géniteurs, Pacific Assault n’est pas le jeu qu’on nous avait annoncé, à savoir débarrassé de ses scripts et sa linéarité. Si environ un tiers du jeu possède un réel intérêt, avec des batailles ouvertes et une chouette mise en scène, le reste de Pacific Assault, l’énorme majorité donc, rejoue la partition du train fantôme, fournissant un gameplay à peine plus évolué qu’un Time Crisis, vu le peu de liberté ou d’options que vous aurez dans vos déplacements.

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Medal of Frustration

Ces passages seront d’autant plus agaçants que le jeu est mal équilibré au niveau des combats, et pourri par quelques bugs très malvenus. Tout d’abord, les ennemis apparaissent par magie. Pas la peine de tenter le nettoyage d’une zone de trop loin, avec le fusil de snipe, ou encore de balancer quelques grenades préventives « au cas où » : les ennemis n’y seront pas encore. Vous avancez un peu, encore un peu… et hop, 3 japs apparaissent derrière, 3 sur les côtés, et 2 sortent de nulle part en vous fonçant dessus la baïonnette bien aiguisée. Ridicule. Et surtout très frustrant. Car à côté de ça, on vous dote de munitions en caoutchouc, avec des armes à la dispersion et au de temps de rechargement trop importants pour faire face à ces situations.

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Que Pacific Assault soit difficile, je n’ai rien contre, bien au contraire. Mais là, c’est un peu n’importe quoi, car le jeu devient « injuste », et donc frustrant. On ne se mesure pas à son propre « skill », si tant est qu’on puisse parler de skill pour un jeu de ce type. Ici, il faut se mesurer aux bugs, aux morts subites et arbitraires qui arrivent de temps à autres, à la médiocrité des armes, et à l’aimbot des ennemis. Car en face, le jap voit loin, et voit bien. Vous vous croyez planqué dans les herbes hautes ? Noooon : le jap lui, il voit à travers. Planqué derrière un rocher ? Attention à ne pas laisser dépasser un orteil, car le jap vise bien. Ah, et surtout, il ne tient pas à la vie. Non non. A quelques mètres de vous, il décide systématiquement de foncer dans le tas en beuglant comme un barbare pour fouiller vos entrailles avec la lame de son fusil. Belle I.A donc, magnifique. S’ils foncent tous comme ça, peut-être suffit-il de tirer dans le tas ? Non plus, car à moins de bien viser la tête, le jap se relève 2 ou 3 fois. Et si vous devez recharger à ce moment là, c’en est fini de votre vie. Résultat : Pacific Assault vous oblige à jouer le plus souvent comme s’il s’agissait d’un FPS d’infiltration… mais sans la qualité des jeux d’infiltration. Il vous faut progresser lentement, calmement, et prendre le temps de bien repérer l’ennemi, prier pour le voir avant qu’il vous voit, et bien viser si vous voulez avoir une chance de survivre. Ce changement de gameplay n’est pas mauvais en soit. Sauf qu’il est très mal implémenté. Alors que je le recommande d’habitue, je déconseille de jouer en mode difficile, pour toutes les raisons évoquées ici. Le jeu est bien trop frustrant, et les chargements n’ont de rapides que le nom. En tous cas, les fans traditionnels des Medal of Honor risquent d’être assez déçus par le ralentissement général du gameplay, habituellement bien plus arcade et permissif dans un titre de ce genre.

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De bons moments malgré tout

Dans ces conditions, que reste-t-il à Pacific Assault ? Et bien, comme dit plus haut, il reste un tiers de bons moments, dont toute la fin du jeu, prenant pour cadre le débarquement de Tarawa : arrivée sur la plage, batailles dans les tranchées et dans les bunkers, canons à faire sauter, des planques partout, des cadavres par dizaines… Là, oui, c’est du sport, et le jeu y est relativement ouvert. Il y a bien la bataille de Pearl Harbor, également, qui ouvre le jeu. Niveau gameplay, ça n’a rien d’intéressant, mais la scène reste impressionnante, et fait office d’un bon défouloir avant d’entamer la descente aux enfers : les missions dans la jungle.

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L’I.A a progressé également. Oh, il est évident que lorsqu’on compare à celle des MoH précédents, il est facile de faire mieux. Donc, oui, l’I.A. a progressé, mais on est encore très très loin de ce que peut par exemple proposer Far Cry. De toutes façons, elle ne sera mise en valeur qu’assez peu souvent, dans la mesure où les zones un peu ouvertes et dépourvues de scripts sont relativement peu nombreuses. Mais dans ces moments, vous verrez des ennemis qui tentent de vous prendre par les flancs, si ceux-ci ne sont pas protégés, ou encore des assauts et des grenades lancés au bon moment. Rien de bluffant, mais par rapport à l’I.A scriptée et prévisible des épisodes précédents, il y a là une belle avancée. Et puis le comportement de vos compagnons est, lui, irréprochable.

Enfin, un des points forts de Pacific Assault est peut-être son moteur. Tout est fait maison, et pour du MoH, toutes proportions gardées, c’est tout à fait correct. Les jungles sont denses et bien rendues, les textures sur les persos sont détaillées avec de belles expressions de visage, le moteur physique fait son boulot sans en rajouter, et la multitude d’effets spéciaux renforce d’une belle manière une mise en scène bien étudiée. Oh, ce n’est pas du Far Cry ou du Doom 3, certainement pas. Mais le rendu, classique et propre, est largement suffisant, surtout que les artistes ont su choisir des palettes de couleurs bien adaptées aux situations relativement variées. Enfin, le jeu tourne correctement en 1024 sur un P4@3,2 GHz / Radeon 9700 pro / 1 Go dual channel, ce qui n’est pas si mal.

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Pacific Assault vient également accompagné de quelques modes multi-joueurs, dont un certain « Invasion », très proche des cartes à multi-objectifs de Return to Castle Wolfenstein. Je ne pourrai pas vous en parler, car je n’ai pas eu l’occasion d’y jouer. Reste qu’il est difficile de croire qu’un tel jeu va intéresser du monde, même éphémèrement. Enemy Territory, Call of Duty, Battlefield, etc.. l’offre est grande, et surtout très mûre. Pacific Assault ne proposant rien de neuf ou d’intéressant, il n’y a aucune raison de « switcher », surtout que contrairement aux jeux cités ici, il faut une machine correcte pour en profiter.

Un potentiel gâché

Quel dommage que les nouvelles directions timidement explorées sur ce titre soient à ce point gâchées. D’abord gâchées par un gameplay encore trop enraciné dans ses défauts « historiques » : ce Pacific Assault reste un Medal of Honor, avec tout ce que ça comporte de péjoratif, à savoir un dirigisme extrême et des ennemis qui déboulent par grappes au fil des scripts. Gâchées ensuite, et surtout, par une difficulté inadaptée, tant les bugs et l’équilibre des armes rend la progression pénible et frustrante. Restent donc de trop rares bons moments, une réalisation tout à fait correcte, et quelques bonnes idées qu’il serait bon de retrouver sur les futurs titres de la série. Globalement, Pacific Assault n’est en tous cas pas si mauvais. Il demeure plus intéressant qu’un Medal of Honor « classique », et ses passages pénibles méritent d’être surmontés pour profiter du trop maigre mais très bon reste.

Les plus :

  • Chouette mise en scène
  • Quelques scènes impressionnantes
  • Un nouveau moteur bien exploité
  • Quelques bonnes idées, comme l’utilisation du médecin
  • Enfin un peu d’IA

Les moins :

  • Des armes mal équilibrées
  • Les ennemis apparaissent un peu n’importe comment
  • Un jeu trop souvent frustrant
  • Encore beaucoup trop de couloirs artificiels

Les vrais tests des professionnels :

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