mini 2003 07 02 chaser062Chaser fait partie de la petite poignée de FPS tentant de se faire une place cet été, avant que ne sortent les gros mammouths de la fin d’année.

La recette est prometteuse : une grosse campagne solo, scriptée et scénarisée, avec un mode multijoueur complet, le tout mélangeant armes contemporaines et un univers teinté de science-fiction. Le seul problème étant qu’il faudra vraiment avoir de la patience pour aller au bout de la campagne solo, ou se battre à trois sur un serveur public.
[–SUITE–] Voici donc un test un poil plus détaillé que l’excellent Minute Test de notre excellent confrère Factornews, qui nous a cordialement permis de partager cette précieuse version éditeur du jeu (comprenez : une version avec quelques bugs collectors). Comme pour le test de Factornews, on va ici s’intéresser uniquement à la campagne solo, car le mode multijoueur est pour l’instant très faiblement peuplé sur les serveurs publics, et la démo multi sortie il y a peu a de toutes façons reçu un accueil très froid de la part des joueurs. Quoi qu’il en soit, on est aujourd’hui bien mieux servi ailleurs (essayez RtCW: ET à l’occasion si ce n’est pas déjà fait, ne serait-ce que pour la « culture »).

Chaser : du FPS solo à l’ancienne.

Souvenez vous d’Half-Life. C’est sans doute le premier FPS à avoir marqué les esprits par sa campagne solo longue, assez linéaire, et surtout fortement scriptée, mais également par une fin de jeu complètement ratée et très pénible. Chaser reprend la même recette, avec les mêmes défauts.

La construction de la campagne de Chaser respecte ainsi une certaine tradition du FPS solo : vous êtes le héros de l’histoire, et vous progressez seul contre tous. Les évènements s’enchaînent au rythme d’un scénario plus ou moins élaboré. Le tout est assez linéaire, sans jamais avoir d’autre choix que d’avancer, ou éventuellement de perdre un peu plus de temps dans des niveaux immenses dont il faudra trouver la sortie. La campagne est intensément scriptée, et parsemée de cut-scenes vous permettant de mieux comprendre le contexte et l’histoire — ce qui n’est pas toujours aisé dans Chaser, vous vous en rendrez compte rapidement.

Enfin, afin de donner à ce FPS un air un peu plus « moderne », un soupçon de variété a également été ajouté, qui variera un peu le gameplay. Vous aurez ainsi des missions d’infiltration, de sniping, de défense, mais également une capacité spéciale : l’adrénaline, comparable à l’effet bullet-time popularisé dans le jeu vidéo par Max Payne, et bientôt présent dans d’autres titres à venir. Notez d’ailleurs que cet effet vous sera très peu utile dans Chaser, dans lequel il n’est pas du tout exploité tout au long de la campagne.

La campagne est longue. Trop longue sans doute.

mini 2003 07 02 chaser018Chaser raconte l’histoire d’un certain… John Chaser, qui se réveille en 2095 dans l’infirmerie du Majestic, station spatiale en orbite autour de la Terre. Il ne se souvient de presque rien (juste quelques flashs), et, à peine prend-il conscience de son environnement qu’un commando armé débarque et prend d’assaut le vaisseau pour l’éliminer.

À partir de cet instant, vous allez passer votre temps à fuir (d’abord), à chercher des contacts, à éviter les forces de l’ordre ou les mafias locales — quand je dis éviter, il faut aussi comprendre exterminer – tout en tâchant de comprendre quels sont votre identité et votre passé. Vous n’aurez d’ailleurs la réponse à cette question qu’à la toute dernière minute du jeu (le final est assez surprenant), au terme de ces quelques 25 heures qui vous seront nécessaires pour terminer la campagne. L’histoire vous emmènera sur des lieux très variés, empruntés aux classiques du genre : sur Terre d’abord, avec des quartiers asiatiques, des docks, des rues délabrées, des bases protégées ; et pour finir sur Mars, qui occupera le dernier tiers de l’aventure. Encore faudra-t-il avoir la patience d’aller au bout.

Chaser propose des environnements assez variés.
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Car en dehors de tout aspect technique, une bonne partie des missions proposées est tout simplement insupportable. En particulier, toutes les tentatives de variété dans le gameplay sont ratées : la mission d’infiltration est ridicule, tant elle est facile et absolument pas basée sur le gameplay intrinsèque du jeu ; les missions de sniping ne sont guère meilleures ; et enfin, certaines missions consistant à retrouver la sortie du niveau sont totalement insupportables. J’ai ainsi failli désinstaller le jeu à plusieurs reprises, notamment lors de la traversée du cimetière marin, ou des va-et-vients dans le train, ou encore lors des derniers niveaux du jeu, immenses, tortueux, et nécessitant une patience infinie pour en venir à bout.

Patience & Calme : les principales qualités requises pour certaines missions.
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J’ai finalement eu l’impression que le jeu était trop long. Autant avec NOLF 2 ou IGI 2: Covert Strike, de durées comparables, j’ai trouvé les jeux trop courts et même rejoué quelques missions, autant avec Chaser, je n’ai que très peu de bons souvenirs (notamment la fuite de la prison ou la défense du camion). J’ai rapidement souhaité en finir, tant certains passages étaient pénibles. Et c’est d’autant plus agaçant que la durée de vie du jeu est artificiellement gonflée par une progression souvent rendue laborieuse.

Un FPS trop simpliste pour des habitués du genre.

L’une des caractéristiques de Chaser est de mélanger des armes « contemporaines » (à la CS ou IGI 2) à un univers vaguement SF. Avec ce type d’armement, on a naturellement tendance à se la jouer tactical shooter, surtout qu’il y a plein de caisses dans le jeu : ça va croucher sec. Non, oubliez tout de suite. Inutile. Le gameplay est basique au possible : oubliez l’infiltration, l’utilisation des ombres, les avancées en silence, la visée allongée ou accroupie, etc. Il faut foncer, et vider des chargeurs. Les armes n’ont presque pas de recul, on peut tirer et recharger en montant une échelle, on peut sniper dans toutes les positions avec un réticule parfaitement immobile, etc.

Ajoutez à cela les sons très médiocres des armes, qui ne rendent absolument pas, et des cadences de tir trop élevées : bref, les armes ne fournissent aucun « feeling », au point que le choix de telle ou telle arme se fera uniquement selon les munitions disponibles et les dégats qu’elle inflige, jamais selon sa précision.

Le moteur 3D est sympa, mais l’IA n’a pas été fournie avec le jeu.

Chez NoFrag, on a déjà eu quelques enfilades de qualité sur l’intérêt d’un bon moteur 3D pour faire un bon FPS (*hint* CS:CZ). On peut troller longtemps, toujours est-il que le FPS est bien l’un des genres où la technique a une très grosse influence sur la qualité et le gameplay du jeu. Parmi les qualités techniques d’un FPS solo, il y a donc, bien entendu, le rendu graphique, mais surtout l’IA. Autant, dans un jeu solo, on peut éventuellement tolérer un moteur « moyen » (voir IGI 2), autant une IA pourrie achèvera rapidement tout intérêt.

Sur Chaser, le problème est bien là : le moteur 3D est vraiment sympa, en particulier très fluide par rapport à ce qui est affiché, mais par contre, l’IA… bah elle n’est pas fournie, tout bêtement. Elle est sans doute magique hein (le communiqué de presse annonçait une « highly developed AI »), mais visiblement, la DLL n’est pas incluse sur le CD. C’est ballot. Je ne peux pas croire que le service marketing ait menti, ça n’est pas leur genre, vous pensez bien. Bref, résultat : les ennemis sont ridicules. Vraiment. Mêmes pas drôles en plus : juste très cons (les participants de la dernière NoCon ajoutent « comme des bites », va comprendre). L’IA de Chaser est donc une catastrophe. Les ennemis se comportent comme des sentry guns (présents aussi dans le jeu : vous ne verrez guère la différence dans la façon de les aborder) : ils ne bougent quasiment jamais, et n’ont donc aucune tactique individuelle ou de groupe. De plus, il vous tirent dessus à vue, quels que soient la distance et l’environnement, que vous soyez « caché » ou pas, tout en vous ratant rarement. Ainsi, avec cette non-IA, la difficulté du jeu sera essentiellement basée sur la capacité à gérer des « grappes » d’ennemis qui vous feront (très) mal, mais qui resteront immobiles : il va donc falloir arroser, à la façon d’un Serious Sam.

Et visiblement, les développeurs et les testeurs ont bien cerné le problème, car il faut reconnaître une qualité à Chaser, qui efface un peu cette absence d’IA : la difficulté est bien dosée tout au long de la campagne. Les ennemis sont des crétins finis, certes, mais leurs positions, leur nombre et leur aimbot vous rendront la vie constamment difficile. Notez que le quicksave/load marche très bien.

Un moteur qui tient la route.
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Revenons sur le moteur graphique : Chaser est développé par Cauldron, un studio relativement confidentiel qui, pour l’occasion, n’est pas peu fier d’avoir créé un moteur maison, le CloakNT. L’engin s’en sort assez bien, avec des effets que je qualifierais aujourd’hui « de base » (notez les guillemets) par rapport à ce qu’on a vu pendant l’E3. Néanmoins, l’ensemble est très sympa, avec des effets réussis comme les très beaux halos lumineux, quelques jolies ombres dynamiques, et des surfaces aquatiques bien rendues. Mais surtout, l’ensemble tourne très bien et proprement, tous détails à fond (testé en 1024 32 bits sur un XP1800 / Radeon 9700 / 512 Mo).

Oui, bon, il y a quelques bugs…
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L’effet graphique vedette est le fracassage de vitres, qui rend également assez bien, mais qui, par contre, fera bien ramer le moteur dans certaines conditions. Autre problème : les ennemis ont parfois la fâcheuse tendance à se retrouver emmurés ou en lévitation (voir screenshots). Ça fait un peu désordre en solo, mais j’imagine le désastre en mode multijoueur, quand vous serez visible derrière un mur ou une porte parce que le moteur vous le fait un peu traverser.

Chaser : un FPS gentiment grand public.

Finalement, avec ces quelques gros problèmes, et à la lecture de ce test, on pourrait percevoir un constat fort négatif. Et pourtant… Chaser n’est pas si mauvais. Si l’on se place d’un point de vue « grand public », avec des joueurs occasionnels, je suis même quasiment certain qu’ils pourraient trouver Chaser relativement sympa, car varié, scénarisé, dense, long, bien fini (finalement peu de bugs) et bien équilibré. Les bugs de moteur ? Pas si méchants. Pas d’IA ? Certes, mais le jeu reste bien assez « difficile » comme ça. Ça rend l’ensemble bien bourrin, mais pourquoi pas. Bref, en fonction de votre expérience du FPS, vous aurez forcément un regard différent sur Chaser : le vieux briscard y verra un jeu médiocre et chiant, alors que le quidam y verra un FPS correct, racontant une vraie histoire de série Z, et à consommer tranquillement en attendant les chef-d’œuvres annoncés du dernier trimestre de cette année.

C’est pourquoi, s’il fallait donner une note à Chaser, je tiendrais compte du gros boulot qui a été fait sur le level design et la campagne en général, pour obtenir la juste moyenne de 5/10 pour un habitué des FPS, et un honorable 7/10 pour un débutant du genre.

Les plus :

  • la grosse campagne solo
  • le level design
  • le moteur 3D fluide et offrant un joli rendu

Les moins :

  • pas d’IA
  • des missions ultra-pénibles et artificiellement trop longues
  • un gameplay trop basique
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