mini 2003 12 18 MOHRS Pearl Harbor 007L’année 2003 aura été globalement moisie niveau FPS. Ca aura aussi été pour NoFrag la première fois qu’un éditeur nous contacte spontanément pour nous proposer dossier de presse et jeu à tester. Le passage dans Culture Pub a visiblement eu son effet… Mais ça sera peut-être aussi la dernière, car autant être clair : ce que nous avons là n’est rien d’autre qu’une petite catastrophe.

MoH : Soleil Levant (MoH: Rising Sun en anglais), testé sur PS2, est non seulement un n-ième MoH-like (comprenez un ego-shooter linéaire et scripté), mais se paye aussi le « luxe » de fournir un moteur graphique totalement dépassé, une IA bonne pour des séquences de vidéo gags, et une jouabilité insupportable. Fallait-il sortir un tel jeu dans cet état ?
[–SUITE–] Bonjour les trolls.

Avant d’entamer la crucifixion de cette ode aux FPS d’il y a 5 ans, parlons du « cas consoles ». Chez NoFrag, on aime aussi les consoles. Pas trop, mais un peu quand même. Si si. Certains n’osent pas l’avouer, et pourtant. Il y en a même qui possèdent un Macintosh, c’est dire.

Par contre, concernant les FPS sur console, les avis sont déjà plus radicaux. Il faut se rendre à l’évidence : dire qu’un pad est adapté aux FPS est aussi crétin que d’affirmer qu’un clavier est parfait pour un jeu de baston ou une simulation automobile. Reste que certains jeux ont su s’adapter aux contraintes consoles pour en faire des titres jouables : Halo, Metroïd Prime, ou XIII, taillés sur mesure, ont montré qu’il était possible de jouer (et parfois de s’amuser) à un ego-shooter sur une console. Quant aux différences purement techniques, en particulier au sujet de la PS2, on arrive souvent à les oublier lorsqu’on joue sur une télé, pour peu que le jeu soit bien fait, l’exemple le plus représentatif étant GTA Vice City, tellement moche (et pas que sur PS2), mais tellement fnu.

Bref, tout ce baratin pour vous dire que si MoH: Soleil Levant est un mauvais titre accumulant les défauts, ce n’est pas seulement à cause de sa filiation console. Loin s’en faut. Soleil Levant est, comme dit ci-dessous, d’abord un mauvais jeu, avant d’être un jeu console. Espérons d’ailleurs que la future version PC de la franchise (MoH: Pacific Assault) saura non seulement tirer parti de la puissance des machines, mais corrigera tous les problèmes de cette version PS2/XBox sortie apparemment trop tôt afin de ne pas rater les fêtes.

Début de l’arnaque : Pearl Harbor

MoH: Soleil Levant, n-ième exploitation de la franchise MoH, reprend les principes de Allied Assault, mais prend pour cadre le conflit du pacifique de la 2nde guerre mondiale, en Asie du sud. C’est apparemment devenu un passage obligé de la discipline : les ego-shooters « historiques » (*rires*) se doivent de proposer une scène d’anthologie, vitrine du jeu. MoH: Allied Assault avait son débarquement sur Omaha Beach, Call of Duty a eu sa bataille de Stalingrad, et MoH: Rising Sun se vend sur une « reconstitution » de la boucherie de Pearl Harbor.

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L’Histoire étant ce qu’elle est (Pearl Harbor marque l’entrée des USA dans le conflit du pacifique), la scène forte du jeu est ici la toute première, le point de départ de la campagne, et ça tombe plutôt bien, car c’est aussi la plus impressionnante du jeu (toutes proportions gardées). Là où dans Allied Assault ou CoD, il fallait attendre quelques missions avant de découvrir le « gros morceau », ici vous l’aurez d’entrée.

Et si cette scène de Pearl Harbor rend assez bien l’impression de chaos et de déferlement de mort sur les navires, avec un rendu graphique correct et un accompagnement sonore de qualité, elle n’en reste pas moins d’une jouabilité complètement minable, à moins que vous soyez fan des jeux d’arcade vintage. Pearl Harbor devient ici un mix de Missile Command et de Space Invaders, le tout totalement scripté : à l’aide de votre mitrailleuse lourde, vous devez tantôt viser des torpilles, tantôt détruire les zéros qui déboulent par vagues, en escadrilles régulières et prévisibles. L’objectif est d’atteindre un quota de victoires, avant que votre bateau ne finisse par sombrer par l’accumulation de dégâts. C’est consternant.

La misère faite FPS.

Le reste du jeu constitue un FPS classique à campagne solo, linéaire « comme un Medal of Honor » (ça tombe bien), et modérément scripté. En effet, et heureusement, on n’atteint pas ici l’accumulation de scripts de Call of Duty, bien que le communiqué de presse annonce fièrement le jeu comme « un véritable film interactif ». Faudra d’ailleurs expliquer aux agences de communication que c’est un critère qui fait fuir les joueurs plus qu’autre chose. Bref.

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On aurait donc pu se contenter de critiquer le jeu sur sa linéarité, son manque d’originalité (ce type de FPS commence sérieusement à lasser) ou sa durée de vie relativement courte. Il faudra en effet une petite dizaine d’heures en difficulté moyenne, pour terminer ces 9 grosses missions aux objectifs trop peu variés. Seulement voilà, si Soleil Levant a en effet ces défauts, il en a d’autres bien plus gênants, au point d’en faire presque une honte du FPS.

La PS2 a des capacités graphiques limitées, c’est un fait ; en particulier vis à vis d’un PC (dont la seule carte graphique coûte le prix d’une console, rappelons-le), ou même d’une XBox (souvent lésée du fait de développements multi-plateformes lissant généralement la qualité vers le bas). Néanmoins, on a vu sur PS2 un grand nombre de jeux tout à fait convaincants graphiquement, dans plein de styles différents, montrant qu’il est possible d’y faire de belles choses. Sans aller jusqu’à ce qu’on voit aujourd’hui de Killzone, les FPS déjà sortis sur PS2 ont montré des rendus bien plus acceptables que cette bouillie infâme de pixels que propose Soleil Levant. C’est tout simplement une honte, un retour en arrière de quelques années qui ferait passer Counter Strike pour une démo technologique. Depuis l’écran de départ anormalement pixelisé, jusqu’aux textures basse résolution et délavées parsemant tous les décors du jeu, en passant par une extrême pauvreté dans la conception des maps, il serait urgent de vite mettre ce moteur graphique à la poubelle.

Autre élément technique à la ramasse : l’IA. Contrairement à certains ego-shooters vus cette année sur PC, il y en a bien une. Mais… complètement buguée. Par certains côtés, on se croirait dans CoD, avec des ennemis qui vous ignorent alors que vous êtes à portée d’une bonne baffe, ou encore qui ne se cachent qu’à moitié après vous avoir tiré dessus. Petite originalité : lorsque vous êtes un peu trop près, ils se décideront parfois à jouer les bons kamikazes de base en vous fonçant dessus baïonnette brandie (et tant pis si vous êtes équipé d’une arme automatique). D’autres fois par contre, ils ne réagiront pas du tout à vos tirs, ou tout au contraire vous aligneront à l’autre bout d’une « avenue », prouvant encore une fois que l’aimbot est la seule solution que trouvent certains développeurs pour palier au manque d’IA et ajuster ainsi la difficulté du titre.

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Du reste, la principale difficulté de Soleil Levant ne vient pas des ennemis ou des situations à gérer, elle vient de vous-même, et de votre capacité à maîtriser les contrôles complètement ratés de la visée au pad. Même si le seul « FPS » que j’ai pratiqué sur console soit Metroïd Prime (parfaitement adapté au pad GameCube), j’ai eu grand mal à me faire non seulement à la disposition des contrôles, mais surtout à l’imprécision de la visée, qui m’ont poussé la plupart du temps à préférer aligner les ennemis par du strafe que par un ajustement du seul point de mire. J’ai quand même vérifié via d’autres tests ce qui était dit de la gestion du pad dans Soleil Levant : tout le monde est unanime, c’est une petite catastrophe. Me voilé rassuré.

Je n’évoque pas du tout le monde multi-joueurs online, présent dans la seule version PS2, parce que je n’ai pas pu le tester. Néanmoins, vue la piètre qualité du titre, je vois mal quel plaisir on aurait à partager une telle peine à plusieurs, et ce d’autant plus que d’autres jeux de guerre en réseau existent sur PS2 et sont bien plus intéressants.

Bouse Award 2003 !

MoH: Soleil Levant est un jeu raté et bâclé, et ça n’a presque rien à voir avec le fait que ce soit un FPS tournant sur PS2. C’est d’autant plus surprenant qu’EA a de gros moyens et a déjà prouvé par le passé qu’ils étaient capables des proposer des FPS « valables » sur cette plate-forme. Même un fanboy console ne pourra pas supporter pareille débâcle technique et pareils contrôles. Quoi qu’il en soit, si le jeu était joué à la souris, il serait juste moins agaçant, pas moins mauvais. Seule l’ambiance sonore est réussie, tout le reste est à jeter. Soleil Levant sent immanquablement la commande d’un éditeur, pour avoir impérativement un jeu qui sorte pour Noël. L’achat est évidemment à éviter.

Maintenant, comme chez NoFrag on est rien que des amateurs, des p’tits trolls velus anti-console et j’en passe, je vous invite à vérifier les tests de nos confrères, et les notes délivrées :

Il faudra aussi qu’on m’explique pourquoi des magazines papier comme Joypad ou Gaming (« ex Joypad ») arrivent encore à mettre la note de 7/10 à un tel jeu, alors que l’essentiel de leur critique reprend les points mentionnés ici.

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